L’indépendance affective

Le couple, source de joie et d’amour ou de tristesse et de haine, met parfois les émotions à rude épreuve. On peut penser que l’amour fait mal, mais c’est en réalité les émotions qui émergent des situations qui font souffrir. Pour ce mois de St Valentin, j’aborde le sujet de l’indépendance affective : Comment mieux vivre sa relation tout en trouvant son équilibre affectivement ?

L’attachement dans l’enfance

Dans la petite enfance, l’enfant a besoin de développer une relation d’attachement pour combler ses besoins affectifs et sociaux avec les personnes qui s’occupent de lui et de lui donner des soins. C’est un moyen de se sentir en sécurité, d’avoir ses besoins affectifs et de base (boire, manger, dormir, avoir un toit, se vêtir) remplis, mais aussi de développer des connexions particulières dans le cerveau nécessaires à sa survie. Par la suite, l’enfant va peu à peu prendre son indépendance à plusieurs niveaux et notamment au niveau affectif. On pourrait dire qu’un adulte qui a vécu une certaine sécurité affective durant l’enfance, qui n’a pas jouer le rôle de parent avec sa propre mère ou son propre père et qui n’a pas été coupé trop prématurément de cet attachement, sera un adulte stable, sain et en sécurité. Or ce n’est pas toujours le cas et on peut le voir dans les couples.

Le couple, révélateur des carences affectives

Dans le couple, la femme ou l’homme va être souvent attiré par une personne qui ressemble, de près ou de loin, à son père ou à sa mère. Même si on essaie parfois d’éviter de reproduire le modèle des parents, on le fait inconsciemment. Des schémas  – souvent répétitifs – et des croyances ancrées en sont la cause. A moins d’y travailler en profondeur, nous n’y échappons pas. Cela va avoir pour conséquence de revivre avec son partenaire les schémas positifs du passé – d’amour, bienveillance, sécurité – ou négatifs – manque d’amour, sentiment d’abandon, maltraitance. Cela se révèle bien souvent une fois que les masques tombent et que chacun montre sa vraie nature avec ses forces et ses vulnérabilités. On pense que l’autre a changé, mais en réalité il se montre tel qu’il est vraiment. C’est là que chacun vient appuyer sur les boutons de l’autre, là où ça fait mal.

La blessure d’abandon et la dépendance affective

Le sentiment d’abandon est la blessure – parmi les 5 blessures* : abandon, rejet, humiliation, trahison, injustice – qui appelle le plus la dépendance affective. Celle qui souffre du sentiment d’abandon, c’est-à-dire de se sentir quittée ou qu’on ne s’occupe pas d’elle, va porter le masque de la dépendante. Souvent, cette blessure est vécue avec une personne du sexe opposé, à savoir le père pour une femme, ou son compagnon. La dépendante, croit qu’elle ne peut arriver à rien toute seule et qu’elle a besoin d’être soutenue et nourrie, notamment affectivement. De cette façon, elle cherchera inconsciemment un compagnon avec lequel ce besoin pourra être comblé de façon excessive, ou au contraire elle attirera quelqu’un qui l’abandonne. Cela peut devenir un cercle sans fin si elle ne prend pas conscience de cette blessure et qu’elle ne s’occupe pas de remplir ses propres besoins. Cette blessure existe chez les hommes également.

Le mythe de la femme incomplète


Tenir compte de ses besoins est une première clé pour aller vers l’indépendance affective. En effet, le mythe du couple, dans les romans, histoires de princesse ou flamme jumelle, est de trouver sa moitié pour se sentir enfin complète. C’est comme si l’on n’était rien sans l’autre, vide, incomplète, voir incapable de vivre pleinement sa vie. Malgré que la Femme surfe sur une incroyable énergie de réalisation depuis ces dernières années, le mythe persiste dans l’inconscient collectif. Il s’agit alors de venir identifier ses besoins, ses envies et ses rêves ou intentions. Pour chaque besoin – besoin d’affection, de câlins, de soutien, de sensualité, de sécurité, de liberté, d’épanouissement, d’accomplissement de soi, etc. – on doit d’abord se demander : Comment pourrais-je remplir ce besoin ? Qu’est-ce que je pourrais m’apporter à moi ? C’est important d’apporter d’abord de l’eau à sa propre jar. Ensuite, l’autre – le compagnon par exemple – pourra ajouter son eau dans cette jar où l’abondance est déjà présente. La femme n’aura pas ou aura moins besoin d’être remplie entièrement par l’homme, elle ne comptera pas sur lui pour combler totalement ses besoins. C’est une façon de retrouver son propre pouvoir et sentir sa puissance de réalisation intérieure.  

Le déclenchement des émotions

Derrière chaque besoin non-comblé ou chaque limite bafouée ou non-respectée va s’exprimer une émotion : tristesse, désarroi, colère, haine, peur, etc. L’émotion est une sorte d’alarme intérieure, un bouton qui clignote pour signaler que quelque chose ne va pas. C’est la raison pour laquelle il est préférable de ne pas essayer de l’éteindre ou de la réprimer. Un bébé qui hurle a besoin de manger, peut-être ressent-il de la terreur à ce moment-là car il a peur de ne pas être nourri et de mourir. Chez l’adulte, la peur de ne pas être aimée, de se sentir abandonnée ou rejetée ou même de mourir peut s’exprimer. Une parole blessante, un comportement non-aimant ou malveillant, un acte décevant va soulever des émotions en nous. La cause est souvent quelque chose qui a été mal vécu dans l’enfance ou un traumatisme qui va se réactiver à l’âge adulte. C’est l’enfant intérieur blessé qui réagit. A ce moment-là, on peut choisir : soit de réprimer l’émotion -la garder en nous – et elle va nous faire souffrir, soit de réagir – crier, se plaindre, accuser l’autre – et cela risque d’exploser. On peut également choisir de prendre la responsabilité de ce que l’on ressent.

La responsabilité de nos émotions

Lorsqu’une émotion est déclenchée en nous, avec un stimuli extérieur ou juste une pensée désagréable, c’est important d’en prendre la responsabilité. Je précise que cela ne s’applique pas aux cas graves d’abus, irrespect, domination ou violences où il faut faire appel à quelqu’un de confiance pour être en sécurité. Souvent, on est réactivé à l’intérieur dû à un souvenir traumatique plus ou moins important qui n’a pas été réglé. L’autre n’est finalement pas responsable d’avoir provoqué ces émotions en nous. C’est nous qui ressentons ce sentiment d’être abandonnée, non aimée, non nourrie affectivement ou délaissée. Je propose d’abord de se calmer lorsque cela survient : respirer, se mettre en mouvement, accueillir ses émotions, chanter, danser. Ce sont des façons de faire sortir ses émotions sans exploser. Ensuite, dans cet état plus relaxé, vous pourrez exprimer à la personne ce que vous avez ressenti : quand tu as fait cela, j’ai ressenti cela. Puis, évaluez la situation pour vous-même : Avez-vous sur-réagi par rapport au sujet de départ – sujet de discorde ou comportement de l’autre ? Est-ce que vous sentez que quelque chose de douloureux a été réactivé ? Souvent, la surréaction est due à un besoin non-comblé. Est-ce possible de trouver un terrain d’entente pour que la personne concernée mettent un peu plus de douceur et de compréhension dans son comportement ? Comment pouvez-vous combler les besoins qui s’expriment à ce moment-là ? Parfois il est nécessaire de faire appel à une thérapeute pour guérir de ses traumatismes.

* Livre « Les 5 blessures qui nous empêchent d’être soi-même » de Lise Bourbeau

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